Le Splasher de NYC
A New York, un mystérieux profanateur s’en prend aux œuvres du street art.
Vous pourrez voir et revoir Tracks à partir de vendredi 10h00
Brooklyn, Williamsburg. Nous sommes à New York dans LE quartier des artistes de street art et des graffiteurs. Ici, rares sont les immeubles sans tags, sans pochoirs ou sans graffiti. Mais depuis plusieurs mois, ces œuvres d’art sont menacées. Un vandale est parti en croisade contre le street art. Le milieu est en état d’alerte. Les forums internet ne parlent plus que de ça.
Depuis 10 ans, Jake Dobkin photographie les œuvres d’art dans les rues de New York. Son site a diffusé les premières images des ravages du vandale inconnu que Jake a surnommé le splasher. En marge de ses barbouillages, le splasher laisse derrière lui un manifeste, un pamphlet vaguement intello qui stigmatise le commerce à outrance et qui reproche au street art de s’être laissé récupérer.
Depuis deux ans, Elbow Toe fait partie intégrante du milieu street art new-yorkais. Il a suivi des études de peinture classique. C’est dans son atelier qu’il prépare ses pochoirs et ses graphismes. Mais ses œuvres, il préfère les voir dans la rue plutôt que dans une galerie. Le splasher s’en est également pris à lui.
Il a choisi, comme bon nombre d'artistes, d'intégrer les taches du splasher dans ses œuvres. Mais le splasher ne se laisse pas impressionner. Dès que les œuvres barbouillées ont été retravaillées, il frappe à nouveau. Ainsi, les versions d’une même peinture se renouvellent en permanence. Certaines œuvres comportent quatre couches différentes.
L’histoire du graffiti new-yorkais fait état d’un cas semblable. Au début des années 80, un barbouilleur sévissait également. Le milieu graffiti était perplexe. L’auteur de ces barbouillages, un dénommé Cab, est devenu une légende dans le monde entier, grâce au documentaire "Style Wars".
L’identité du splasher d’aujourd’hui donne lieu à beaucoup de spéculations. Certains pensent que ces dégradations sont l’œuvre d’un artiste raté qui cherche à faire parler de lui.
Pour d’autres, il s’agirait d’un collectif d’artistes dont les dégradations seraient une façon de critiquer le travail de leurs collègues. D’autres encore pensent que l’attaque vient du milieu graffiti. Depuis toujours, graffiteurs et artistes street art se livrent en effet une guerre sans merci pour le moindre espace vierge. Les théories de complot se multiplient également. Selon la plus farfelue, toute cette action serait une campagne de pub pour une marque de mode vestimentaire.
Le manifeste du splasher a eu le mérite de donner un bon coup de pied dans la fourmilière. Depuis quelques temps, le street art new-yorkais s’embourgeoise et prend ses aises dans le confort feutré de la légalité et des galeries d’art. La radicalité des attaques du splasher contraint le milieu à une réflexion sur soi-même et suscite un nouvel élan de créativité.