Le mouvement gothique est apparu entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 au Royaume-Uni, et perdure avec plus ou moins de vitalité principalement en Europe mais également sous des formes légèrement différentes dans le monde entier.
Cette sous-culture issue du mouvement punk, s'inspirant du cinéma expressionniste allemand, du fantastique et du roman gothique, se caractérise notamment (sans s'y réduire cependant) par une esthétique sombre, macabre, parfois provocatrice. Cette dernière se traduit par un code vestimentaire (la mode gothique) essentiellement basé sur le noir et les couleurs sombres, souvent accessoirisé avec des clous ou des éléments considérés comme mystiques, et perçu selon les points de vue comme sexy, provocateur, effrayant ou excentrique.
Après l'explosion du mouvement punk en 1976 et 1977 sont apparus au Royaume-Uni une multitude de groupes de musique incontestablement influencés par ce mouvement mais mêlant des influences très diverses et poussant l'expérimentation musicale dans des directions nouvelles.
Ces groupes très disparates furent regroupés sous le vocable très flou de post-punk.
Au sein de cette mouvance, certains groupes adoptèrent un style, un look et des thèmes semblables qui, bien plus tard, seraient qualifiés de « gothiques » par leur noirceur et leur théâtralité.
Parmi ces groupes, on retrouve Bauhaus, Siouxsie & the Banshees, Joy Division, Uk Decay, Virgin Prunes, partageant un public qui, petit à petit, va adopter lui-même le style de ces groupes. En dehors de leurs origines punks, ces groupes partagent des influences venues du rock des années 1960 comme le Velvet Underground ou The Doors.
On ne parle pas encore de « gothique », bien que ce terme ait été ponctuellement employé par des journalistes pour qualifier la musique de Joy Division ou Siouxsie & the Banshees, mais de « positive punk » ou bien encore de « monochrome punk » pour qualifier le look qui, à l'époque, reprend les classiques punks comme le Mohawk (crête), mais exclusivement en noir et blanc (avec prédominance du noir).
En 1980 et 1981, une seconde vague de groupes commence à émerger, avec Danse Society, Play Dead, Southern Death Cult, The Sisters of Mercy et The Cure qui abandonnent le son new wave des débuts pour quelque chose de plus sombre.
Vers la même période apparait, en Californie, une scène Death Rock, pendant américain du rock gothique britannique, avec comme tête de file Christian Death.
L'ouverture en 1982 du club londonien le « Batcave » marque une nouvelle étape dans la visibilité du mouvement dans les médias et pour le public, et introduit une certaine dose de sensibilité Glam au mouvement.
Les termes « new wave », « batcave », « curiste » et « corbeaux » sont alors les termes les plus employés pour désigner les adeptes du mouvement.
Rapprochement avec la scène metal
Alors que, depuis les origines, le mouvement gothique s'était construit - tout comme le mouvement punk et la scène post-punk en général - en opposition avec la scène rock institutionnalisée des années 1970, et donc de la scène heavy metal qui en fut l'héritière, on vit à partir du milieu des années 1990 des passerelles se former entre les musiques gothiques et metal.
À part quelques exceptions (comme Killing Joke), ces passerelles furent principalement le fait d'artistes métal, agrémentant leur musique d'éléments considérés (parfois à tort) comme gothique, ce qui donna naissance au gothic metal. Ces éléments pouvant être autant musicaux, comme des chœurs féminins lyriques ou l'usage d'instruments anciens, que culturels, comme des références aux anciennes cultures païennes ou des thématiques liées au désespoir.
Outre, les éléments musicaux, d'autres éléments plus contextuels participèrent à ce rapprochement. La communauté rôliste, évoluant traditionnellement dans des univers heroic fantasy, investira massivement les thématiques sombres contemporaines à partir du début de années 1990 avec la parution du jeu Vampire : la Mascarade. Ce jeu fait évoluer ses héros dans un univers défini comme « gothic-punk » et la première édition des règles est émaillée de citations de groupes comme Killing Joke ou The Sisters of Mercy jetant un pont thématique, musical et même vestimentaire via la Camarilla, version grandeur nature de Vampire.
Le rapprochement avec les scènes électronique et industrielle, qui étaient moins réticentes envers le métal et qui possèdent un genre dit cross-over (qui prendra le nom de metal indus par la suite), et dont le nom tient justement au fait que ce genre soit à cheval entre le metal et la musique industrielle, avec des groupes comme Nine Inch Nails ou Oomph!, est aussi un élément à prendre en compte. Mais le facteur le plus important tient avant tout à l'amalgame - volontaire ou non - fait par les médias entre la culture métal et la culture gothique, que ce soit pour parler de phénomène de mode comme Marilyn Manson ou Rammstein, ou pour parler de faits divers comme la fusillade du lycée Columbine de Littleton aux États-Unis en avril 1999[2] ou la profanation du cimetière de Toulon en France en juin 1996[3].